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Une Nuit, au Printemps

Ce soir le vent doux souffle sans bruit

par dessus les haies et les fourrés.

Au creux des guérets, des vallées,

Dans les bois silencieux,

Il berce la nuit et fait palpiter les étoiles.

Rien ne bouge ni ne bruit.

Tout est calme et silence.

Seul un oiseau parfois vient tâcher l'obscurité

En passant tout à coup sous un rayon de lune,

Puis disparaît dans un bosquet.

Le printemps sommeille sous les étoiles.

Soudain, là-haut, dans un coin du ciel d'encre,

Une étrange silhouette apparaît.

Lentement, elle plane

Baignée de lumière pâle

Vers un petit village au clocher endormi.

La forme sombre s'est arrêtée

Et paraît, dans l'air nocturne,

Attendre quelque chose.

Dans le vieux clocher

On entend le bruit d'un bois qui grince.

Et tout à coup, au clair des étoiles,

Là-haut, une deuxième silhouette apparaît.

L'aile du vent a repris son vol et s'éloigne

Emportant le mystère du vieux clocher silencieux.

Mais regardez bien le ciel cette nuit !

Car plus haut,

Entre les étoiles et les vers luisants,

D'autres formes étranges volent sans bruit.

Elles sont des dizaines,

Elles sont des centaines.

A chaque village

D'autres les rejoignent.

Ce soir elles sont des milliers

Qui, portées par la brise,

Vont pour une nuit quitter leurs clochers

Et s'envoler vers Rome.

Ce sont les Cloches de Pâques.

1983