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Le dernier coup de onze heures venait de sonner lorsque la lettre arriva. Je reconnus sans peine l'écriture : celle de Jacques Mornay, un vieil ami dont j'étais sans nouvelle depuis Noël. Je décachetai l'enveloppe et commençai à lire.
Arbois ce 17 mai 1893
Mon cher Marc,
La hâte avec laquelle je vous écris me dispense des vaines politesses d'usage et me presse d'en arriver sans plus attendre au motif de cette lettre.
Je me consacre, depuis près d'un mois, à des fouilles solitaires dans les ruines de la Commanderie d'Arbois. Voici deux jours, j'ai découvert un coffret recelant un parchemin daté de l'an 1314. Son contenu est par trop important pour que je puisse vous en faire part dans une lettre qui pourrait s'égarer. Mais sachez que depuis cette découverte je ne dors plus, trop impatient d'atteindre enfin ce que depuis près de six siècles tant d'hommes ont rêvé de trouver.
Jamais, avant d'avoir lu ce parchemin, je n'aurais cru qu'une telle chose existât ! Venez me rejoindre au plus vite ; mon secret est trop lourd à porter seul. Vous, qui avez la tête froide et le jugement juste, pourrez m'aider. Faites vite car malgré l'avertissement du parchemin je ne puis me contraindre à ne rien faire.
Votre ami dévoué, J. Mornay
La lettre me laissa songeur. Jacques paraissait à la fois bouleversé et passionné par sa découverte. A quarante-trois ans, titulaire d'une chaire à l'université de Lyon, spécialiste reconnu de l'histoire du Moyen─Age et autorité incontestée en matière de celle des Croisades, mon ami n'avait point l'habitude de plaisanter, ni celle d'exagérer la portée d'une découverte. Ce qu'il avait trouvé à Arbois devait, sans le moindre doute, être de la plus haute importance.
Aussi je n'hésitai point longtemps : laissant là tous mes travaux, je partis dès midi pour le Jura.
Oubliant ma fatigue je me dépêchai pour rejoindre Jacques le plus rapidement possible : sautant de coches en diligences et de malle─postes en chevaux de relais, je gagnai Dôle en quelques jours. Une fois là, je louai une monture et partis vers Arbois.
J'étais quelque peu inquiet : la dernière phrase de la lettre ne laissait pas de m'intriguer et me procurait un sentiment de malaise. De quel avertissement était-il question ? Mon ami courait-il un danger ? Cela me paraissait absurde et pourtant je restais troublé par sa lettre.
Enfin le clocher d'Arbois m'apparut. Bien que la nuit tombait, je décidai de me rendre à la Commanderie sans plus attendre. Jacques, tel que je le connaissais, ne devait sans doute point quitter le terrain des fouilles, même pour dormir. Je me renseignai donc.
"Les ruines d'un vieux château ? C'est la Templerie que vous cherchez sans doute. Suivez la grand'route jusqu'à la sortie du village, là prenez le chemin à votre main gauche : il vous y mènera."
"Merci beaucoup", fis-je.
L'homme me regardait avec curiosité.
"Qu'est ce qu'il y a donc de si intéressant dans ce tas de pierres ?" Demanda-t-il. "Vous n'êtes pas le premier : il y a déjà un étranger là-bas ; un savant de Lyon il paraît."
"Il y est en ce moment ?"
"Ma foi sans doute. On ne l'a pas vu au village depuis un certain temps."
"Depuis combien de jours ?" Demandai-je avec une soudaine inquiétude.
"Ça fait bien une semaine."
Une semaine. J'avais reçu la lettre de Jacques le 21 et nous étions alors le 23. Mon ami n'était probablement pas revenu au village depuis qu'il avait confié sa missive aux Postes. Une sourde angoisse m'envahit. Je galopai vers les fouilles.
Un quart d'heure me suffit pour gagner l'endroit. Le lieu-dit « La Templerie » était situé sur une colline boisée, à quinze minutes du village. Quelques pans de murs et de vastes chaos de pierres grises disséminées parmi les sapins attestaient qu'un colossal château fort s'élevait là jadis.
Je me dirigeai vers la tente de Jacques : elle était vide. Les fouilles semblaient désertes et nul ne répondit à mes appels. Je parcourus les ruines. Au pied d'un mur, une large excavation mettait à jour l'entrée voûtée d'une cave. Je descendis.
L'obscurité régnait et un curieux remugle fétide imprégnait l'air. A la lueur de quelques allumettes je distinguait des colonnes romanes soutenant un plafond arqué. J'avisai une lampe à pétrole et l'allumai.
Dans un coin de la salle j'aperçus une seconde excavation, moins profonde et visiblement creusée en toute hâte. Un pan de mur ouvragé avait été dégagé et nettoyé. La sculpture représentait un blason. On y distinguai encore des traces de couleurs : le fond avait été vert et la bande verticale qui le coupait en son milieu rouge. Pal de gueules sur champ de sinople aurait dit un héraldiste.
Il n'y avait rien d'autre.
Je remontai à l'air libre et retournai dans la tente de Jacques. sur une table plusieurs livres et divers papiers attirèrent mon attention. « L'Ordre des Templiers » de P. Rotey, « History of the Knights Templars » de C.G. Addison, « Der Templeorden » par K. Ludwig-Barheer, « Le secret des Templiers » de M. Velvaut... Tous les ouvrages traitaient du même sujet : les Templiers. Je cherchai en vain le coffret dont il était question dans la lettre. Jacques devait le garder sur lui.
Après avoir parcouru à nouveau et toujours sans résultat le champ des fouilles, je me résignai à attendre. Pour passer le temps et tromper mon inquiétude grandissante je me mis à lire les notes que Jacques avait laissées sur sa table.
Il me fallut quelques temps pour comprendre de quoi il s'agissait. Puis, peu à peu, à la lumière de ces papiers, je compris ce qui avait attiré mon ami en ces lieux.
Ces ruines étaient celles d'une Commanderie des Chevaliers du Temple. L'ordre de ces moines soldats, fondé en 1119, s'était affermi de plus en plus au cours des années. Au début du XIVième les Templiers représentaient une puissance considérable et possédaient, disait-on, un trésor fabuleux amassé pendant les Croisades.
Philippe le Bel désireux de se l'approprier et pour différentes autres raisons fit arrêter tous les Templiers le vendredi 13 octobre 1307 en les accusant d'hérésie. Les Templiers s'entouraient de mystères et de précautions pour une raison inconnue, comme s'ils dissimulaient quelque chose. Le roi, s'appuyant sur des bruits qui couraient selon lesquels ils adoraient une idole, les fit condamner par l'Inquisition.
En 1312 l'ordre était dissout par le Pape et en 1314 le Grand Maître Jacques de Molay et ses derniers compagnons furent brûlés vifs. Deux points restaient cependant obscurs : nul n'avait trouvé de trace de la fameuse « idole » et surtout leur fabuleux trésor ne fut jamais retrouvé.
Jacques d'après ses propres recherches estimait avoir résolu la première question : l'idole présumée des Templiers aurait été en fait ce que les catholiques de notre époque vénèrent sous le nom de Saint Suaire. A l'aube du 13 octobre fatal tous les Templiers avaient été arrêtés par surprise ; mais à Paris les gens de Philippe le Bel s'étaient heurtés à une résistance curieusement acharnée : les chevaliers protégeaient probablement la fuite de l'un d'entre eux qui emportait la relique. Cela expliquerait que l'on n'eût rien trouvé par la suite.
Quant au mystérieux trésor, les notes de mon ami portaient à croire qu'il avait fait de longues recherches à son propos. Quelques rescapés des arrestations auraient rejoint la Commanderie de Templeval en Franche-Comté, à l'époque hors de France. Là un chevalier, Geoffroy de Sanclair, aurait fait venir le trésor des divers lieux où il était dissimulé pour le soustraire à la cupidité royale.
En compulsant les papiers je tombai tout à coup sur la transcription d'un texte ancien. Dès les premières lignes je compris que j'avais sous les yeux la traduction du parchemin dont Jacques m'avait parlé :
« De sept années passées, feu le roi de France Philippe fit arrêter tous les frères du Temple, fors quelques uns qui trouvèrent salut en ma Commanderie.
Soumis à la question nos frères avouèrent tout ce que Philippe voulait qu'ils avouassent. Mais Dieu tout puissant est témoin que pas une des accusations ne portait la vérité et que pas un seul des frères du Temple ne s'est détourné de Lui, mais que tous L'ont fidèlement et justement servi par la prière et par le glaive.
Notre Grand Maistre est mort en martyr sur le bûcher et moult frères ont péri dans la souffrance. Puisse Dieu les accueillir en sa benoîte Grâce.
Le Mandylion a échappé à la profanation et quelques frères ont gardé nos biens des cupides, les rassemblant en mon castel. Ce trésor est raison de notre perte ; il pourrait causer moult maux encore, tant la richesse écarte le juste des chemins du Christ. Aussi il disparaîtra avec nous. Mes frères le scelleront en mon caveau sous la garde de mon écu et le Dieu tout puissant frappera sans pitié ceux qui porteront des yeux d'envie sur lui. Profaner ma tombe est braver le Tout Puissant.
Que Dieu pardonne les fautes de son humble serviteur et daigne le fortifier devant la mort puis l'accueillir à son trépas en notre Seigneur ressuscité.
En mon castel de Templeval ce douzième du mois de décembre de l'an de Grâce mil trois cent et quatorze.
Geoffroy de Sanclair, frère et chevalier du Temple. »
Soudain, tout s'éclaira dans mon esprit : le castel de Templeval et la « Templerie » d'Arbois étaient en fait la même chose ; Jacques avait donc découvert la Commanderie où était caché le trésor des Templiers. Le trésor des Templiers ! Une fièvre soudaine m'envahit.
Où donc était resté mon ami ? Je songeai brusquement qu'il avait peut-être pu découvrir le trésor. Je fouillai sa tente pour tâcher de trouver une indication quant au lieu exact du caveau de Geoffroy de Sanclair ; mais nul plan, nulle note ne me renseigna.
Je découvris cependant un objet étrange, soigneusement enveloppé dans un linge : c'était une sorte de coupe à boire munie d'un couvercle articulé. Elle était en or massif et ornée de fines ciselures : un hanap, un hanap en or. Sur son pied on distinguait le motif émaillé d'un blason : pal de gueules sur champ de sinople.
Une phrase me traversa l'esprit : « Mes frères le scelleront en mon caveau sous la garde de mon écu ».
Je me précipitai dehors et couru vers la cave que j'avais visitée en arrivant.
La sculpture du mur était identique à celle du hanap, à cela près qu'elle était en relief. Le pal ressortait d'environ deux centimètres. Je l'examinai attentivement à la lumière de ma lampe : il y avait une mince jointure entre le pal et le champ du blason. Saisissant le premier je tentai de le ramener à l'horizontale. La pierre glissa en frottant durement. M'arc-boutant alors contre le mur je réussis à pousser une sorte de porte étroite, invisible en position fermée.
L'ouverture donnait dans une crypte. Au centre un gisant dormait sur un sarcophage de pierre. Tout autour d'énormes coffres luisaient à la clarté de ma lampe.
Je frissonnai de fièvre, j'avais devant moi le trésor des Templiers.
Les coffres étaient ouverts et leur contenu à moitié répandu sur les dalles froides du sol : des calices d'or et des ciboires, des buires, des hanap d'argent et des aiguières finement ciselées, des vidrecomes sertis de joyaux, des cornes à boire en chryséléphantine étincelaient par monceaux sur des étoffes précieuses. Des rivières de bijoux ruisselaient parmi des armes : bracelets, rubis, topazes, saphirs, turquoises et pierres de lune jetaient leurs feux sur les cimeterres et les écus rutilants, mêlés d'estocs et d'olifants. Jamais mes yeux n'avaient contemplé pareilles splendeurs ! Le trésor des Templiers : les beautés l'Orient et de l'Occident réunies.
Malgré une forte odeur de champignon qui flottait dans le caveau, toutes ces merveilles étaient dans un état de conservation parfait ; sans doute était-ce Jacques qui avait ouvert les coffres.
Je m'approchai lorsque le halo de ma lampe éclaira soudain un corps allongé sur les dalles, entre un vase de murrhin et une torchère en bronze. C'était mon ami.
Mort.
Je m'agenouillai près de lui, bouleversé. Il avait les yeux fixes et emplis de frayeur, un filet de sang avait coulé de sa bouche. Dans ses doigts crispés il serrait le parchemin de Geoffroy de Sanclair.
A l'heure qu'il est, je ne sais encore que penser. Est-ce une malédiction qui a frappé Jacques ? je l'ignore. Je ne crois ni à Dieu ni au Diable ; ma seule religion est la science. Mais aujourd'hui j'ai peur. Peur de la fatalité, peur que ces maudits Templiers n'eussent trouvé le moyen de protéger leur trésor par quelque alchimie.
En sortant du caveau un curieux mal oppressa mes poumons. Depuis la douleur va en empirant. Ce qui a tué Jacques me tuera aussi. J'ignore ce que c'est, mais ce maudit trésor en est à l'origine.
Nul ne doit l'approcher désormais : j'ai refermé le caveau du Chevalier, fermé l'accès à la cave et comblé l'excavation qui y conduisait. J'ai également brûlé toutes les notes de Jacques. Les seules traces qui restent pour témoigner de sa fantastique mais terrible découverte sont ces quelques lignes. Jacques repose dans le caveau.
En effet, je n'ai pu me résoudre à disparaître sans laisser derrière moi le récit de ce qui nous conduisit vers la mort, mon ami et moi-même. Je vais l'envoyer sous scellés à mon notaire de Paris avec la consigne de ne le rendre à ma famille que dans cinquante ans. En 1943 la science aura sans doute les moyens de combattre ce qui nous a coûté la vie.
Le jour se lève, le mal me brûle les poumons et je sais qu'il est trop tard pour faire quelque chose.
Arbois ce 25 mai 1893.
Marc de Charny
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Norbert paraissait complètement sidéré et quelque peu incrédule.
"C'est incroyable cette histoire !" Fit-il en reposant sur la table les papiers jaunis qu'il venait de lire.
"Incroyable peut-être, mais tout ce qu'il y a de plus réel", assura François. "J'ai trouvé cela dans le grenier. Marc de Charny était mon arrière-grand-père. Il est bel et bien mort d'une manière curieuse le 25 mai 1893 à Arbois. Par ailleurs je suis allé aux Archives Nationales pour chercher d'autres renseignements. Regardes ce que j'ai trouvé."
Il tendit à son camarade une photocopies d'un article de l'époque :
Le Figaro, 30 mai 1893.
Mort étrange d'un professeur d'histoire.
Le postier du petit village d'Arbois a été témoin du décès inexpliqué de monsieur Marc de Charny, professeur d'histoire antique à la Sorbonne.
« Il paraissait bien malade, rapporte l'employé, je l'ai fait asseoir pour attendre le docteur mais c'était trop tard. Il a craché du sang en criant de drôles de choses et puis il s'est écroulé. »
Le médecin a déclaré que monsieur de Charny était mort à la suite d'une hémorragie pulmonaire mais n'a pas pu en expliquer la cause. Nous assurons la famille du disparu de notre soutien sincère dans la brutale épreuve qui la frappe.
"Et celui la aussi." Fit François.
L'Aurore, 15 juin 1893.
La disparition du professeur J. Mornay serait-elle liée à la mort de son ami M. de Charny ? C'est la question que se posent les enquêteurs. Monsieur Mornay, éminent spécialiste de l'histoire du Moyen Age, professeur à l'université de Lyon et officier de la Légion d'honneur a disparu depuis deux mois. Il travaillait à des fouilles dans les ruines du château fort d'Arbois. C'est également là qu'est décédé son collègue et ami monsieur de Charny dans des circonstances encore mal expliquées. La police se refuse à tout commentaire et déclare poursuivre l'enquête.
Norbert relut plusieurs fois les coupures de journaux avant de relever la tête. Son visage reflétait à présent un intérêt passionné.
"Mais alors c'est vrai !"
"Bien sûr !"
"Tu veux dire qu'avec ce document", il désigna le récit de l'aïeul de François, "nous pourrions retrouver le trésor des Templiers ?"
"Exactement."
Norbert resta songeur.
"Ce que je ne comprends pas", fit-il, "c'est que personne ne l'ait cherché jusqu'ici."
"Facile : le document a été remis à mon grand-père en 1943, en pleine guerre. Il était résistant et a été tué avant la fin de l'année. Personne ne s'est soucié de ces papiers. Ils ont été mis dans le grenier et nous sommes sans aucun doute les seuls à en connaître l'existence aujourd'hui."
"Et tu crois qu'il est possible de retrouver l'endroit exact où ton arrière-grand-père et son ami ont pu pénétrer dans la cave ?"
"Ce sera le plus difficile", admit François, "mais une fois dans la cave, tout ira bien."
Norbert réfléchit un instant.
"Et à supposer que l'on arrive jusqu'à la cave, que l'on trouve le blason sculpté, et que l'on réussisse à ouvrir le caveau... Nous serons alors dans la même situation que Jacques Mornay et ton arrière─grand─père."
"Oui."
"Autrement dit, il n'y a aucune raison pour que ce qui leur est arrivé ne nous arrive pas. Je suppose que la malédiction des Templiers est valable aujourd'hui comme en 1893... Désolé mais je ne tiens pas à mourir d'une hémorragie pulmonaire !"
"C'est de la superstition cette histoire ! protesta François, je suis sûr que la mort de mon aïeul et de son ami est parfaitement explicable maintenant. A l'époque, la médecine n'était pas aussi évoluée que de nos jours. Leur mort est une coïncidence."
"Drôle de coïncidence, tout de même."
"Le hasard, simplement."
"Le hasard a bon dos."
"C'est un risque à courir. Mais imagine qu'on parvienne à trouver le trésor !"
"Evidemment", murmura Norbert d'un air rêveur.
François sourit.
"Je pars pour Arbois dans trois semaines. Tu me rejoindras dès que possible, d'accord ?"
"Pas avant le 10 août : je travaille."
"Si tu arrives le 10, je serai à pied d'oeuvre depuis huit jours. J'aurai déjà progressé dans les recherches."
"Et si tu trouves l'entrée de la cave avant que je sois là ?"
"Je t'attendrai pour y entrer", promis François.
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Etincelant de lumière, le ciel d'été tremblait de chaleur et versait dans les rues le miel brûlant du soleil.
Norbert arpentait le quai de la Gare de Châlons. Il lui restait vingt-cinq minutes avant de prendre la correspondance pour Dôle. Il acheta un journal pour s'occuper.
C'est en troisième page, sous les résultats du Loto, qu'il vit l'article :
Mort étrange d'un campeur. Hier matin, un promeneur a découvert par hasard le corps de François de Charny dans un chemin forestier, aux environs d'Arbois. Le médecin légiste a déclaré que le malheureux était décédé à la suite d'une infection très rare provoquée par des Cryptoccocus Neuromyce, des champignons qui ne se développent que dans les lieux clos depuis très longtemps. Leurs spores, une fois aspirés par la victime, ont germé presque immédiatement, entraînant la lésion des tissus pulmonaires et une hémorragie interne. Puis, peu à peu, ils ont agi sur son système nerveux comme neurotoxines et hallucinogènes. On ne comprend pas comment le malheureux campeur a pu contracter une telle infection.
On n'explique pas non plus le fait qu'il portait sur lui une sorte de coupe à boire que des experts ont certifié être un hanap du XIVième siècle en or massif.
Rennes, March 1989
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