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Le Muntjac

Once, pangolin où simple oiseau ? Quelque chose a bougé dans les bambous. Sur le petit chemin poudreux un paysan marche, insouciant, la houe sur l'épaule et le visage à l'ombre de son large chapeau de paille. Dans les bambous, la chose remue à nouveau. L'homme a entendu. Il s'arrête, inquiet : la panthère où le tigre sort parfois de la forêt... Le bruit recommence. Le village est encore loin, dans la vallée, et ici, sur les collines, il n'y a personne.

A un jet de pierre devant le paysan, dans les branches d'un vieux mûrier blanc, un paon sauvage lance son cri rauque et s'envole précipitamment. Dans les bambous plus rien ne bouge. L'homme écoute, toujours immobile. Un grand papillon aux ailes d'or veinées de bleu se pose sur une touffe d'azalées, puis s'élève à nouveau, porté par le vent chaud su Sud qui présage la mousson d'été.

Soudain les bambous s'écartent brutalement et la bête surgit ! C'est un muntjac. Un simple muntjac, un petit cerf frêle et inoffensif. L'homme sourit. L'animal s'est figé au milieu du sentier et le regarde fixement. Le paysan s'accroupit et tend la main. La terreur envahit les yeux noirs du petit cerf qui fait volte face et disparaît dans les bambous. L'homme ri et se redresse quand un feulement rauque lui fige le coeur. Il n'a que le temps de se retourner et de hurler.

Un peu plus tard, le soir, à côté d'une houe et d'un large chapeau de paille abandonnés, les premières pluies de l'été chinois ont effacé les traces du tigre et mêlé un peu de sang à la boue du petit sentier.

1983