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Au large les risées d'or scintillent sur la mer immense. C'est la fin du printemps, le début de l'été. Le ciel bleu vibre sous les rayons du soleil d'Afrique. Une grande ville semble dormir á l'ombre des palmiers, comme engourdie par le parfum des orangers. Dans le port émaillé de voiles blanches, une rumeur étouffée monte au souffle de la brise légère. Les maisons blanches rayonnent sous le soleil de Juin, l'air tremble sur les terrasses brillantes. La ville et le port rayonnent de lumière.
Mais sous le ciel pur de cette Algérie, des bateaux s'en vont tristement vers la France, labourant de long sillons d'argent, l'eau bleue du port d'Alger. Sur leur ponts brûlés de soleil, des familles contemplent en silence la terre qui s'éloigne : Ces maisons blanches aux terrasses lumineuses, ces orangers ployants sous les fruits, ces vignes chargées de lourds pampres vermeil, ces montagnes lointaines perdues sous le soleil; ils ne les reverront plus. Ils partent de ce pays de rêve où ils sont nés pour une France inconnue ou ils seront des étrangers. Certains se sont battus pour rester : leurs os blanchissent au soleil triste du djebel.
Sur le pont, dans le silence amer et triste un enfant sanglote. —Maman ! Pourquoi on part ? Mais sa mère, les yeux brillants perdus vers la terre qui s'éloigne ne répond pas. Elle pleure.
Fourqueux, 14 juillet 1982
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